Depuis l’antiquité, l’homme n’a jamais cessé de s’interroger et d’enrichir sa pensée à l’égard de la sexualité humaine, jusqu’à permettre l’émergence d’une véritable science : LA SEXOLOGIE.
Les premiers sexologues se sont attachés à comprendre la sexualité « anormales ». De ce fait, la définition de l’activité sexuelle normale a toujours été au centre de la sexologie.
Par définition, la sexologie est une discipline scientifique qui étudie la sexualité humaine et ses manifestations.
Elle s’interroge sur tous les aspects de la sexualité, soit les aspects psychologiques, physiologiques, médicaux, sociaux et culturels.
Bien que considérée comme une discipline récente, la sexologie trouve ses prémices cliniques dans l’antiquité.
En témoignent les tablettes sacrées du temple d’Ishtar (Mésopotamie) sur lesquelles sont transcrites des formules thérapeutiques incantatoires contre les troubles de l’érection, ou celles de l’Égypte antique qui comportent des mentions concernant la fécondité ou la sexualité des hommes et des femmes.
La volonté de compréhension de la sexualité humaine est commune à tous les peuples.
De « L’art d’aimer » d’Ovide aux « manuels du sexe » chinois, des écrits érotiques arabes au Kâmasûtra indien, de nombreuses civilisations ont une longue pratique de la littérature érotique à visée initiatique.
De « l’Art d’aimer » d’Ovide aux manuels du sexe chinois, des écrits érotiques arabes au Kâmasûtra indien, de nombreuses civilisations ont une longue pratique de la littérature érotique à visée initiatique.
QU’EN EST-IL DE L’HISTOIRE DE LA SEXOLOGIE EN OCCIDENT ?
De la Grèce antique à la fin du XIXe siècle
Les philosophes de la Grèce antique posent les fondements de la pensée occidentale dans différents domaines. À propos de la sexualité, ces philosophes élaborent des modèles explicatifs des comportements sexuels humains amoureux. L’influence de leurs travaux sur la jouissance, l’amour, la séduction ou l’impuissance perdurera jusqu’au XVIIIe siècle.
À la fin de l’Antiquité, le monothéisme témoigne d’une société patriarcale où la polygamie est d’usage, l’homme peut s’adonner aux activités sexuelles avec toutes les femmes qu’il possède (servante, épouse, concubine). Les premiers chrétiens s’éloignent progressivement de ces mœurs mettant en valeur le célibat et l’absence de sexualité.
C’est Saint Augustin, philosophe et évêque, qui va prôner dans ses enseignements le fait que la femme n’est utile qu’à la procréation. Ainsi le couple a pour mission de procréer avant tout, l’amour conjugal n’existe pas.
De ce fait, au Moyen-Âge, la sexualité devient luxure, concupiscence, fornication, le corps est diabolisé, il est assimilé à un lieu de débauche. Le couple s’inaugure autour d’une sexualité strictement procréative, définie entre interdits et devoirs.
Paradoxalement, c’est le temps des amours courtois, du troubadour courbé devant sa gente dame qu’il idéalise mais ne touche pas. La littérature et l’iconographie nous montre l’exaltation de la féminité, de la chasteté et de la passion amoureuse entre homme et femme.
De la renaissance au XVIIe siècles l’amour est synonyme de passion érotique. Le désir sexuel se joue en dehors du mariage. Le lien entre un homme et son épouse est fondé sur un contrat.
Montaigne dira qu’«un bon mariage, s’il en existe, refuse la compagnie et les conditions de l’amour pour celles de l’amitié».
Au XVIIIe siècles, l’amitié est encore considérée comme la base du couple solide. Cependant le mot amour au sens de passion érotique s’accapare les caractéristiques de l’amitié : désormais aimer c’est vouloir vivre ensemble l’amitié et la sexualité.
Jusqu’au XIXe, la sexualité est affaire de l’Église et de la Justice. Entre religion et châtiments, le comportement sexuel doit répondre aux règles en vigueur.
L’entrée dans le nouveau siècle
Avant l’émergence du XIXe siècles les écrits abordaient essentiellement ce que l’on pourrait appeler l’érotisme. Ce n’est que plus tard qu’apparaissent des publications consacrées à l’étude spécifique, scientifique et médicale de la sexualité humaine.
La littérature médicale produit essentiellement des ouvrages autour d’une norme hétérosexuelle, conjugale, reproductive, adulte et monogame.
Au début du XIXe, la médecine élabore les bases d’une hygiène sexuelle fondées sur la sobriété. Le médecin se substitue à la religion en soignant le corps et l’âme. L’hygiénisme consiste à présenter des préceptes d’ordre moral sous la forme d’un (pseudo) discours scientifique, mettant en lien santé physique et vertu morale.
Par ailleurs, bon nombre d’ouvrages consacrés à l’enseignement des règles du bonheur entre les époux apparaissent.
En réalité, cette médecine hygiéniste met le corps de la femme au centre de ses travaux, et plus exactement l’éducation des femmes et le bien être de leur âme.
La fin du XIXe siècle signe l’avènement de changements à l’égard de la sexologie. À cette époque, la médecine s’empare des pratiques sexuelles considérées comme déviantes. Elle analyse principalement des cas masculins, et propose des observations et des traitements genrés.
Les médecins restreignent la sexualité au coït hétérosexuel, les autres pratiques passant de la catégorie du péché à celle du vice et de la perversion.
Les travaux du psychiatre Richard Von Krafft-Ebing sur les troubles de la pulsion sexuelle et les perversions ont été d’une importance capitale, ses recherches ont, entre autre, ouvert la voie à une « dépénalisation » de la sexualité et influencés la psychiatrie. Il considère que la sexologie devrait s’efforcer de considérer que l’instinct sexuel joue un rôle essentiel chez tout le monde au delà de la compilation des histoire de cas.
Dans son ouvrage « Psychopathia sexualis », il présente un catalogue de d’études de cas de perversions, soigneusement décrits.
Dans l’Angleterre victorienne et puritaine, le médecin Havelock Ellis ose faire de la sexualité un objet d’étude de recherche scientifique. Il fût l’un des premiers à tirer parti des données historiques et anthropologiques sur les perversions sexuelles.
Havelock Ellis fonde ses recherches sur l’analyse des comportements sexuels et sera considéré comme le fondateur de «l’ethnologie sexuelle», une partie de ses travaux est consacrée à l’étude comparée des attitudes envers la sexualité chez différentes civilisations.
Son objectif est précis : changer les attitudes de la société envers les différents manifestations de l’instinct sexuel.
À la même époque, Sigmund Freud fait scandale en Autriche. L’importance qu’il donne au sexuel provoque fascination et rejet dans toutes l’Europe.
Sa théorie est basée sur l’exploration de la vie intrapsychique de l’individu par une méthode, la psychanalyse, reposant sur la parole. Dans son ouvrage «Trois essais sur la théorie de la sexualité», il développe le concept d’une structure pulsionnelle infantile et ouvre la voie d’une à la notion d’organisation sexuée de la psyché humaine.
La psychiatrie se dote d’une certaine crédibilité quant à ce qu’elle avance au sujet de la maladie mentale, et s’applique à transformer les perversions sexuelles d’objets juridiques en objets sexologiques. De ce fait les psychiatres édictent de nouvelles normes relatives au comportement sexuel et définissent les formes normales de comportements sexuels aberrants.
La seconde guerre mondiale impose une politique de fer, beaucoup d’écrits et de recherches en sexologie sont détruits, ce qui poussera de nombreux scientifique à immigrer vers les États-Unis.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la sexologie se renouvelle sous l’influence américaine.
La sexologie contemporaine
De l’autre coté de l’atlantique, quelques psychiatres s’intéressent aux perversions. Les premiers textes publiés s’attachent en grande majorité à décrire les comportements « suspects » quant au genre.
Les travaux de Master & Johnson ont enrichi la compréhension des coordonnées somato-biologique de l’acte sexuel et modifié considérablement les représentations de « la mécanique » des femmes et des hommes dans l’horizon de la jouissance.
William H. Master observe le coït humain et les réactions sexuelles féminines et masculines. De ce fait, ils décrivent les problèmes qui peuvent être rencontrés et concluent que ces problèmes sont avant tout des problèmes de couple. La sexologie contemporaine est née.
Dans le reste de l’Europe, des mouvements naissent et s’insurgent contre une société jugée répressive et pathogène au regard de la sexualité.
La révolution sexuelle des années 60 chahute l’institution familiale, et entraine la hausse des rapports sexuels pré-conjugaux, apparaît une plus grande tolérance envers cette forme de sexualité.
En ce temps, on dénonce l’asservissement du corps des femmes, de même qu’on ose lever les tabous liés au plaisir féminin, à l’homosexualité et à la misère sexuelle des jeunes.
Tout au long du XXe la parole sur le sexe se libère, de nombreux écrivains s’opposent au puritanisme, et symbolisent la révolution sexuelle comme Henry Miller, Anaïs Nin, Helene Deutsch… Le domaine littéraire de l’érotisme jusqu’ici réservé aux hommes devient accessible aux femmes, laissant place à une femme désirante, rompant avec l’image de passivité.
Dans les sociétés occidentales, les hommes et les femmes du XXe vont se donner un projet ambitieux, celui de rencontrer l’amour réciproque, le partenaire avec lequel ils s’épanouissent sexuellement, et élève des enfants ensemble.
Ce projet devient la norme et entraine la survalorisation de la sexualité dans l’épanouissement de la vie des individus.
De nos jours, la sexualité se basant sur le couple d’un homme et d’une femme amoureux se désagrège et laisse place à une multitude de conduites sexuelles, expérimentées dans le but de trouver des solutions aux difficultés, d’assouvir ses pulsions les moins nobles ou par simple imitation… ceci dans une atmosphère de moins en moins en lien à l’autre.
Une nouvelle sexualité est en train de s’inventer et prends ses distances avec le couple conjugal voulu comme référence. De ce fait, l’individu contemporain a de plus en plus de mal à se situer sur le plan personnel (sexuel) ainsi que sur la notion de couple.
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